Vertus du journaling

Lorsqu’à six ans, sachant tout juste tenir un stylo (un « aide-écriture » caoutchouteux planté sur mon Bic à la façon d’un Pineapple-Apple-Pen qui s’évertue à briser l’étreinte passionnée de mon index et mon majeur), je m’empare d’un cahier petit format à grands carreaux, couverture titrée « Brouillons » (un peu vexante) et me mets à griffonner religieusement toutes ses pages de fautes d’orthographe, je sais que je suis sur la bonne voie. Depuis ce jour, je collectionne les cahiers. Les moches, les beaux, les petits, les grands : je ne discrimine pas – il me les faut tous (si tu t’apprêtes à chanter le générique de Pokémon, tu t’arrêtes sur-le-champ). En revanche, je ne compose que sur les moches par crainte de ne pas être à la hauteur des beaux. Un peu comme la vie amoureuse de ta pote.

A l’époque, il y avait deux types de journaux. Ceux de la vie courante, alors et seulement occupée par l’école, mes maîtresses, les coups de p* de mes copines, mes profonds breakdowns lorsque je faisais une erreur en cours et que l’une desdites maîtresses la relevait (j’étais la saleté de petite première de classe, en primaire).

Et puis il y avait mes préférés : ceux réservés aux voyages. Je me souviens de ces moments délicieux, au retour d’une longue journée d’exploration et les pieds en compote pomme-poire allégée (j’en ai acheté un paquet le mois dernier et, avec un mauvais de jeu de mots délibéré, qu’est-ce qui m’a pris, purée ?), étalées sur la moquette de la chambre d’hôtel avec ma petite sœur, à remplir nos cahiers du fidèle récit de nos aventures (moi), de dessins de Winx (ma sœur), de tickets de métro, de guides de musées, de plans de la ville (moi), de la facture du traditionnel carnage chez Abercrombie (ma sœur, quelques années après les Winx quand même).

Hop, on enjambe (chastement) les années lycée + post-bac pendant lesquelles j’ai complètement délaissé cette pratique, pour arriver à : aujourd’hui. Aujourd’hui, je suis en France, officiellement en pleines révisions et officieusement en touriste.

Ouais, je vais le répéter dans tous mes articles jusqu’à ce que je rentre. Qu’est-ce tu vas faire, frère ?

Et, je vais être honnête, je n’avais aucune intention de me remettre au journaling – c’est le journaling qui est revenu à moi. *dab même si c’est plus à la mode* *dab rebelle*

Non mais, plus sérieusement, je pense que c’est juste une histoire de… talent. *boomerang dab*
En référence à l’insta-story pour ceux qui n’ont pas compris.
Hé mais quand tu penses, le boomerang (objet) c’est un dab à lui tout seul…

Pour la première fois de ma vie, j’ai dérogé au Grand Principe : j’ai emporté dans mes valises le cahier le plus sexy de ma collection (photos pornos ici) et j’ai écrit dedans. Trop hardcore, m’en parle pas.

Ça a commencé par l’étiquette de mon bagage, à moitié déchirée mais fièrement accrochée sur une des premières pages, parce qu’elle représentait à elle seule :
– 22h+ d’avion en solo
– Ne pas s’être perdue dans l’aéroport de Los Angeles
– Ne pas s’être pris un attentat à l’aéroport de Paris
– M’être installée dans un appartement sans personne, comme une vraie grande.

Progressivement, j’ai retrouvé mes petites habitudes et en ai créé de nouvelles : je me suis mise à prendre les quotidiens dans le métro, en noter les éléments que je trouvais intéressants, recopier des citations lues ou entendues un peu partout (un tweet intelligent, la légende complètement clichée qui accompagne la nouvelle photo de profil d’un ami mais que je trouve secrètement percutante, une phrase qui sonne bien dans mon roman du moment…), ramasser les brochures culturelles dans les musées ou à l’accueil de l’université et en découper les images.

Quant à mes écrits plus personnels – mon journal intime – j’avais déjà fait plusieurs tentatives pour reprendre une mise à jour régulière. Tentatives toujours avortées par manque d’intérêt. Ce n’est que lorsque je me suis retrouvée isolée en France que je me suis mise à écrire plus assidûment, comme une parade au sentiment de solitude que je redoutais avant de partir (mais maintenant ça va hein, c’est cool finalement) : n’ayant personne à qui me confier, je déverse mes émotions sur mon clavier d’ordi (ouais parce que du coup, j’oubliais de vous dire mais j’écris mon journal intime sur Word : c’est plus rentable, n’en déplaise aux puristes), tout en répertoriant des événements pour lesquels je serai heureuse d’avoir gardé une trace plus tard.
Je fais aussi des listes de détails – un monsieur en costume religieux traditionnel dans le bus, les larmes refoulées dans les adieux d’une nouvelle résidente à ses parents, le caissier à la FNAC qui me parle en tahitien en voyant ma pièce d’identité et me dit que sa fille est des Marquises. Des petites choses qui semblent anodines sur le moment, mais qui contribuent au charme d’un récit lorsqu’on y regarde de plus près.

Ce sont ces deux pratiques – mon cahier fourre-tout d’un côté, mon journal intime de l’autre – que je regroupe sous l’appellation de « journaling », n’ayant pas trouvé d’expression équivalente en français (j’anticipe les commentaires des chieurs anti-Américains).

C’est mignon tout ça, mais il est où l’intérêt ?

Il est où l’intérêt, il est où… Pardon.
Donc :

C’est thérapeutique

Je fais partie de ces gens qui ont besoin de tout écrire pour fonctionner correctement. Pour faire simple, mon esprit est un disque dur interne qu’il faut vider lorsqu’il n’a plus d’espace de stockage. Mes clés USB, ce sont mon journal intime et mon cahier de brouillons : le premier pour déverser mes émotions, le second pour… tout le reste. L’un comme l’autre me permettent de me libérer de pensées parasites, de clarifier mon cerveau (pour pouvoir accueillir de nouvelles informations et ainsi de suite…).

Une dispute qui me reste en travers de la gorge ? Je démonte cette bitch relate les faits le plus objectivement possible sur des lignes et des lignes jusqu’à toucher le cœur du problème, le dénouer et m’en débarrasser.

Des tâches à accomplir qui s’accumulent dans ma tête pour ne plus former qu’un méli-mélo incompréhensible ? Je prends mon stylo et liste tout, tout, tout.

Une idée de génie (comme il m’en traverse l’esprit plusieurs dizaines tous les jours) que j’ai peur d’oublier ? Mon carnet, vite ! Comme ça, pas de risque de frustration extrême, quelques heures plus tard lorsque j’essaie de me la remémorer. Par contre, je ne vous cache pas qu’il faut un sacré courage pour noter une Idée de Génie Nocturne (IGN). Vous savez, celles qui vous arrivent dans le lit, comme par hasard au moment où vous êtes sur le point d’entrer dans le doux monde des rêves. Hé non : il faut encore batailler intérieurement pour décider si l’idée en question vaut la peine que vous vous tiriez de votre lit douillet…

De l’organisation sans pression

Une fois toutes vos pensées exprimées, déversées, vomies, place au tri. J’utilise le journaling pour m’organiser à toutes les échelles :

– Sur mon ordi, j’ai un dossier très modestement intitulé « Moi, ma vie, mes rêves ». A l’intérieur, des listes de résolutions et d’objectifs annuels, de gros projets et de rêves (sur lesquels je passe d’ailleurs beaucoup plus de temps que nécessaire). Bref, les gros titres de ma life qui orientent plus ou moins consciemment chacune de mes actions et qui m’aident lors des prises de grandes décisions existentielles.

– Lesdites listes de tâches quotidiennes qui me rappellent que j’ai autre chose à faire que regarder des vidéos YouTube dans la journée. Je suis même capable de recopier ma to-do list sur plusieurs supports (mon cahier donc, mais aussi l’application Todoist dont je vous parlais déjà il y a quelques temps) parce que je ne connais rien de plus satisfaisant que de rayer une tâche accomplie. Ça, et le papier bulle.

Muscle ta créativité

Collages. Dessins. Citations. Anecdotes. Détails. Nouveaux mots. Je me rends compte que toutes ces petites choses que je note quotidiennement dans mon cahier contribuent à booster ma créativité. Des liens se créent – entre un fait divers que j’aurais lu le matin dans le journal et la reproduction d’un tableau que j’ai découpé-collé dans mon cahier, par exemple. Une nouvelle idée germe dans mon esprit tandis que, réalisant un croquis à partir d’une photo, je note un détail sur celle-ci que je n’avais pas remarqué avant.

Ça te fait apprécier la vie encore plus, l’air de rien

Lorsque tu tiens un journal intime, c’est comme si tu écrivais un roman dont tu es le héros. Et, bon sang, c’est vrai qu’il s’en passe des choses dans la vie (et c’est une fille qui reste chez elle 22h par jour qui vous le dit). Prendre le temps de revenir sur ces choses, d’abord dans l’immédiat de la fin de journée, puis avec le recul des années, ça fait toujours chaud au petit cœur. Alors ouais, ok, faut avoir le goût de la nostalgie aussi. *Joue I Lived de OneRepublic* Je lisais dans cet article de Lifehack qu’un journal intime, c’est une collection de souvenirs que tu seras heureux de léguer à tes petits-enfants. Han, so cute.

On récapépète : idées pour remplir vos cahiers

 Les miennes :

– Recopier des citations : une phrase qui résonne particulièrement en toi, un assemblage de mots intéressants, dans la presse, sur les réseaux sociaux, dans les livres, etc.
– Des doodles
– Des croquis (urban sketching en voyage, cf. le jour où j’ai miraculeusement retouché à mon matos d’aquarelle)
– Coller une enveloppe sur la troisième de couverture pour y glisser des prospectus et autres choses que tu ne veux/peux pas forcément coller
– Coller des billets de musée, de soirée, de concert, des plans, des prospectus, des morceaux de journaux
– Un herbier
– Les définitions de mots que tu ne connaissais pas
– La traduction de mots étrangers
– Des listes de rêves, de projets, de voyages
– Une liste quotidienne d’anecdotes et détails intéressants
– Une liste de petites choses qui te rendent heureux(se)

Celles des autres :

100+ listes et collections pour le Bullet Journal (Journaling Addict)
– 30 Questions for Self Discovery (Lavendaire)
– 11 Ways to Fill Your Notebooks (Lavendaire)

Et puis d’autres ressources parce que j’suis chic :

Le tableau Pinterest de Lavendaire dédié au Journaling 
– I Tried 5 Days Of Journaling And It Changed My Life (Refinery29)
My travel journal (HelloKaty)


Bonjour les copains ! Merci d’avoir lu cet article (il est super long ! avoue t’as sauté des passages hein), j’espère qu’il vous aura plu. Perso j’en suis pas peu fière, parce qu’il m’aura quand même pris deux semaines à réaliser. Une semaine de rédaction à faire le tri entre les vannes que j’assume et celles que j’assume pas. Une autre semaine à réfléchir sur les illustrations, les faire, les refaire. Cette fois, je me suis dit : pas question de poster quelque chose dont je ne suis qu’à moitié satisfaite*. Et, bon, voilà. Je suis contente. Youhou ! Je me rapproche du type de contenu que j’aimerais vous proposer sur ce blog. Me reste plus qu’à taffer sur la régularité (oh man). 

*J’dis ça mais j’ai oublié d’effacer les cadres des dessins en crayon gris lol. Pardon pardon. 

Sur ce, j’vous fais plein de gros poutous baveux ! Et aussi, vous m’aideriez beaucoup si vous me laissiez un petit commentaire en dessous, ou alors juste un like ou un partage sur Facebook. Côté réseaux soc’, je vous avertis de la publication d’un nouvel article sur Facebook, mais aussi sur Hellocoton pour ceux qui connaissent. J’essaie de mettre à jour Instagram plus souvent (avec des photos exclu yo) et j’utilise de plus en plus l’Instastory.

Et… voilà. Je ne vous retiens pas plus longtemps. Gros bisous, et encore merci pour votre soutien ! LOVE


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